La rééducation en kinésithérapie

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Historique de la kinésithérapie 

En regardant le passé, nous trouvons en l’an 2 700 av. J.-C. un premier traité (Cong-Fu) qui donne, en particulier sur la respiration et les postures, des conseils en fonction des symptômes déterminés, telle la douleur. Dans la civilisation gréco-romaine, la kinésithérapie se centre sur l’utilisation des massages dans la préparation des épreuves athlétiques. Elle fait reconnaître l’utilité des exercices physiques pour la santé de l’individu. Plus tard, lors de la Renaissance, on observe des apports significatifs, comme ceux d’Ambroise Paré, qui développent une gymnastique médicale et correctrice. 

L’Abbé Fleury, fidèle disciple de Descartes, présente l’éducation corporelle comme une façon de satisfaire les exigences de la vie quotidienne en fonction des difficultés. C’est dans la seconde moitié du XIXe siècle que se développe une véritable conscience de l’utilité thérapeutique du mouvement. La kinésithérapie n’est d’abord liée qu’à la gymnastique. Plus tard elle étendra son domaine d’action à l’orthopédie, la neuropsychiatrie et la neurologie. C’est maintenant une thérapie tout à fait reconnue et en constante évolution. Rappelons brièvement que la kinésithérapie (ou masso-kinésithérapie) est la méthode de traitement basée sur la mobilisation active (gymnastique médicale) ou passive. Elle vise la rééducation motrice et utilise le massage et la mécanothérapie. La rééducation motrice cherche à améliorer ou à compenser un handicap moteur ou fonctionnel. 

C’est avant tout « la thérapie du mouvement » 

La profession médicale a adopté le mot « réhabilitation » (dérivé du latin qui signifie « retour à une bonne santé »), pour désigner les prestations offertes aux blessés de la Première Guerre mondiale. En 1969, l’OMS accepte la définition comme « la recherche du plus haut niveau de capacité possible » et en 1981 établit que « la réhabilitation comprend toutes les mesures visant à réduire l’incapacité et le handicap et qui donnent la possibilité aux gens, qui en sont affectés, de réussir leur insertion sociale ».  

Les moyens les plus employés en kinésithérapie 

La kinésithérapie active groupe des techniques qui utilisent le travail musculaire initié volontairement par le patient et emploient la contraction du muscle. Ce travail permet de prévenir l’atrophie musculaire et développe la orce du muscle. La kinésithérapie passive comprend toutes les techniques qui  mettent en mouvement l’appareil locomoteur de la personne, sans que celle-ci agisse volontairement. Elle évite la diminution de la mobilité articulaire causée par la rétraction musculo-tendineuse. Les changements de posture, surtout en cas d’immobilisation, l’aideront à garder (ou rétablir) un schéma corporel d’ensemble tout en évitant les escarres, et l’aideront à favoriser les fonctions respiratoires et circulatoires. Le massage consiste en la manipulation des tissus mous, des masses musculaires ou des viscères dans un but thérapeutique. Les effets sont surtout centrés sur la peau, l’appareil musculaire et la circulation. Il y a différentes manières thérapeutiques en fonction des problèmes. En dehors du fait que chaque rencontre doit être globalisante, les principaux outils de la kinésithérapie sont le toucher et le mouvement

Quel lien avec le kinésithérapeute ? 

L’organisme est une conjonction complexe de rythmes différents. Par exemple, le cycle veille/sommeil, l’alimentation, le cycle menstruel… certains de ces rythmes sont réglés par l’environnement, d’autres dépendent du système neurovégétatif autonome où la volonté n’a pas d’action sur eux. D’autres, tels que la respiration et certains mouvements, sont susceptibles de modifications volontaires. Si l’on reprend l’histoire de la kinésithérapie en la reliant aux spécificités du syndrome de Rett, le rôle du kinésithérapeute a plusieurs fonctions. 

  • La fonction préventive 

C’est la plus importante. Prévoir, ce n’est pas guérir, mais bien retarder le plus possible les rétractions musculaires, augmenter la capacité respiratoire, entretenir la perception du mouvement ainsi que la capacité à utiliser ses propres compétences. De plus, les personnes Rett s’habituent progressivement à ces séances et il est plus facile de détecter les douleurs. Les séances préventives sont ludiques et elles ne sont pas douloureuses. Faire des séances de kinésithérapie régulières est très important, mais cela suppose que les encadrants, quels qu’ils soient - médecins, parents, institutions - anticipent sur leur devenir et en fassent la demande. 

  • La fonction de réhabilitation 

Les objectifs sont plus clairs et on peut les classer en deux catégories. Les suites opératoires et les changements concernant le positionnement. Par exemple, la verticalisation, le passage au fauteuil, la pose d’un corset. La verticalisation est souvent nécessaire, car elle permet, par l’action de pesanteur sur les muscles, de diminuer les déformations et la douleur. Il est utile de préciser que pour avoir un résultat optimum, la personne verticalisée doit avoir les bras en appui sur une tablette et être occupée. Ces séances servent à récupérer des fonctions motrices, viscérales, respiratoires, mais elles servent également à prévenir et à travailler sur la douleur. 

Diane
Diane

  • La qualité de la relation malade/soignant 

Le kinésithérapeute se situe dans le champ du soin, mais, selon le principe de globalité, aucune séance ne peut se dérouler avec un impact positif si la confiance n’est pas établie. La personne est au centre, avant la « partie à soigner ». 

L’autre principe en kinésithérapie est d’éviter de travailler un seul aspect de la personne en fonction de l’ordonnance. On ne peut les réduire à un dos, une jambe ou bien des hanches. Ceci demande une structure dans le déroulement de la séance. Il faut favoriser la rencontre, donc l’adhésion de la personne Rett. Pour cela des informations venant des parents ou bien des équipes sont indispensables pour établir une bonne communication. Certaines n’aiment pas être touchées à certains endroits, d’autres préfèrent la voix ou bien une petite couverture ou un petit oreiller... Un massage globalisant au début est aidant pour détendre les muscles tout comme à la fin de la séance afin de permettre à la personne de se sentir unifiée. Les deux étapes ci-dessus sont cruciales. Les suites positives de la séance en dépendent. Il est préférable de prendre le temps de les rencontrer, surtout au début. Aller directement à ce qui est « à faire » ne sert à rien. Pour signifier le début et la fin d’une séance, il est intéressant de trouver des repères par exemple une petite musique, un objet signifiant. Chaque personne est unique. Une séance se doit d’être contenante, ludique et sécurisante pour éviter le dispersement, mais suffisamment souple pour s’adapter à l’état du moment. La créativité du kinésithérapeute est importante pour assouplir la technicité.   

Le kinésithérapeute peut intervenir en libéral (à son cabinet, à la maison ou en institution) ou dans une institution comme professionnel de l’institution. 

  • Le partenariat 

La notion de partenariat est un concept fortement utilisé. Il demande cependant, en ce qui concerne la kinésithérapie d’y réfléchir sérieusement, quel que soit le lieu de l’intervention. Certes, certaines techniques appartiennent uniquement au kinésithérapeute, mais aucun acte thérapeutique ne peut se justifier s’il n’est pas remis dans un ensemble au  service de la vie quotidienne.  

Les personnes Rett sont uniques dans leur différence. Ce qui convient à l’une ne convient pas obligatoirement à l’autre. Parfois les postures conseillées pour les activités fonctionnelles sont en contradiction avec celles à visée orthopédique. Il faut faire des compromis et déterminer des temps pour chaque objectif. 

Avec les parents, à la maison, le kinésithérapeute peut aider à l’installation, à la verticalisation, donner des conseils pour diminuer la douleur, les rétractions, les installations de nuit. Ce sont des compléments indispensables.  

En institution, s’il est salarié, ce partage se fera avec les équipes à travers les réunions. Chaque intervenant se trouve en devoir d’apporter sa pierre, sa technicité, son savoir, mais il est tout aussi important de faire des compromis entre ce savoir et les autres aspects de vie de la personne. 

En institution il est tout à fait bien que le kinésithérapeute s’inscrive dans un travail de groupe où plusieurs enfants (adolescents, adultes) sont présents ainsi que d’autres représentants des équipes comme les AMP (aide médicopsychologique), les éducateurs. Réparer ou maintenir une fonction motrice n’est pas suffisant si cette fonction motrice ne sert pas à se faire reconnaître par les autres. C’est la participation du kinésithérapeute à la socialisation. 

Conclusion 

Malgré ses savoirs ancestraux et multiples, le kinésithérapeute ne peut réaliser correctement sa prise en charge que si ce travail « morcelé » est remis dans un ensemble, au service de la personne accompagnée. Un bon accompagnement est l’affaire de tous : le personnel éducatif et médical. 

Denys GUION, Masseur-kinésithérapeute (2016)